Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lesquelles il y avoit des tendresses et des emportemens d’amour qui pouvoient être bons à une maîtresse, mais qui paroissoient d’ordinaire fort ridicules aux indifférens, et que cela étoit entre les mains d’un rival glorieux et moqué, elle étoit au désespoir. L’abbé, d’un autre côté, ne passoit pas mieux son temps. Pour le maréchal, sitôt qu’il eut vu toutes les lettres de l’abbé et celles que lui écrivoit la duchesse, il jugea qu’il pouvoit être obligé un jour de les lui rendre par sa fragilité auprès d’elle, ou par la prière de ses amis : de sorte que, pour se mettre en état de se venger d’elle quand il lui plairoit, il les fit toutes copier, et puis alla montrer les originaux au duc de La Rochefoucauld et à madame de Pisieux, qu’il sçavoit être ennemie de la duchesse. Après que l’abbé eut été une nuit à Marlou, il revint à Paris chez le maréchal, auquel il demanda ses lettres. Le maréchal ne se contenta pas de les lui refuser, mais il y ajouta toute la raillerie à sa manière dont il se put aviser. Pendant que le maréchal se réjouissoit, il tenoit ouverte la lettre

    ne consentit à lui donner sa main et ses richesses que lorsqu’il se présenta en grande pompe sous le nom et avec un appareil digne de l’empereur de Chine.

    Lord Montaigu avoit été remplacé, comme ambassadeur, par le comte de Sunderland, gendre de Digby. Tous nos amis sont casés.

    Le British Musæum a été établi dans l’hôtel même de lord Montaigu.

    La sœur de lord Montaigu épousa le chevalier Hervey, qui a écrit un poème latin sur le style épistolaire :

    Natura mulier, vir magis arte valet.

    C’est à elle que La Fontaine a dédié la 23e fable de son livre 12.