Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/290

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consoler la duchesse sa fille de l’accident qui lui étoit arrivé, l’abbé étoit déjà avec elle, qui se cacha dans un cabinet pendant cette visite, d’où il entendit toute la comédie.

Quelque temps après, la duchesse ne voulut pas se donner toujours la peine de cacher qu’elle revoyoit l’abbé, et crut que, leur querelle ayant fait du bruit, il falloit que leur accommodement fût public : elle se fit donc presser par tous ses amis, à la sollicitation de l’abbé, de lui vouloir pardonner ; et enfin, ayant fait une affaire de conscience, la mère supérieure du couvent de la Miséricorde[1], femme sujette aux visions béatifiques, les fit parler et embrasser ensemble. Cette entremise décrédita un peu la révérende mère auprès de la reine et du cardinal. Ils ne crurent pas qu’elle eût du commerce si particulier avec Dieu,

  1. Recourons uns fois de plus à Mademoiselle (t. 3, p. 297) : « Cette affaire (de la cassette des lettres prise chez l’abbé Fouquet) se passa un peu devant que je revinsse à la cour (1658). Deux ou trois mois après, madame de Brienne alla avec madame de Châtillon à la Miséricorde, qui est un couvent du faubourg Saint-Germain. Elles étoient au parloir, et madame Fouquet, la mère, y vint avec l’abbé. Madame de Châtillon dit à madame de Brienne : « Ah ! ma bonne, que vois-je ? quoi ! cet homme devant moi ! » Madame de Brienne et la Mère de la Miséricorde lui dirent : « Songez que vous êtes chrétienne et qu’il faut tout mettre aux pieds de Jésus-Christ. » La Mère de la Miséricorde s’écria : « Au nom de Jésus, mon enfant, au nom de Jésus, regardez-le en pitié ! »

    Au nom de Jésus, je crois pouvoir affirmer que la Mère de la Miséricorde faisoit là un métier auquel on donne un vilain nom.

    M. Henri Bordier (Les Églises et les Monastères de Paris) ne cite qu’un ancien couvent qui porte le nom de la Miséricorde : les Hospitalières de la rue Mouffetard (p. 81), établies en 1656 pour secourir les femmes pauvres.