Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/291

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puisqu’elle se laissoit tromper si facilement par les hommes.

Cependant cette réconciliation ne dura que six mois. Le retour en France du prince de Condé, qui s’avançoit tous les jours, fit appréhender la duchesse qu’il la trouvât encore sous la domination de l’abbé, et mesdames de Saint-Chaumont et de Feuquières[1], ses cousines et ses bonnes amies, lui firent tant de honte qu’elle rompit avec lui sous prétexte de dévotion. Il fut fort difficile à l’abbé de consentir au dessein de la duchesse. Dans un autre temps il ne l’auroit pas fait ; mais, voyant son crédit auprès du cardinal fort diminué, et craignant que le prince de Condé, qui le haïssoit d’ailleurs, et Boutteville, qui voudroit venger la honte qu’il avoit faite à sa maison, ne le fissent tuer s’il donnoit à la duchesse le moindre sujet nouveau de plainte, il cessa de la voir et ne cessa pas de l’aimer[2]

  1. Mesdames de Saint-Chaumont et de Feuquières sont les sœurs du maréchal de Grammont. Le comte de Grammont (Mém., ch. 12) se fait dire par son frère : « La Saint-Chaumont, qui n’a pas, à beaucoup près, le jugement aussi merveilleux qu’elle se l’imagine… »

    Elle servit son neveu Guiche dans son intrigue avec Madame (Lettres de Madame, 30 septembre 1718). Elle étoit gouvernante des enfants de Monsieur (La Fare), et avoit été, pour cette place, en concurrence avec madame de Motteville (t. 5, p. 158 ; 1661). « La cabale favorite du roi, composée de la comtesse de Soissons et de Fouilloux, fille de la reine-mère, confidente et amie de cette princesse », la soutint. Elle fut aussi demandée par Monsieur, grâce aux manœuvres de mademoiselle Chemerault, qu’il aimoit alors.

    «Sinaïde (Somaize, t. 1, p. 223) est une prétieuse fort spirituelle et fort sage, et qui écrit fort poliment en prose. »

  2. Continuons l’histoire : « Cependant le prince de Condé ne fit plus en France la même figure qu’il y avoit fait autrefois.