Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/295

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BILLET.

Vous me mandez ce que je ferois si l’abbé Foucquet étoit fort amoureux de moi. Je n’ai garde de vous le dire, mais il me plaît toujours autant qu’il me plut avant-hier. Adieu, la Castillanne !

Le chevalier de Grammont, étant arrivé chez la comtesse un moment après qu’elle eut reçu ce billet, la trouva au lit ; et, voyant un papier qui n’étoit qu’à moitié sur son chevet, il le prit. La comtesse lui ayant redemandé ce papier, le chevalier lui en rendit un autre à peu près de la même grandeur. Les gens qui étoient alors chez la comtesse l’occupoient si fort qu’elle ne s’aperçut pas de la tromperie du chevalier, lequel sortit presque aussitôt qu’il l’eut faite. Comme il vit ce que c’étoit, il ne faut pas demander s’il eut de la joie d’avoir en main quelque chose qui pût nuire à madame d’Olonne et faire enrager le comte de Guiche. Il se souvenoit d’avoir été sacrifié à Marsillac et des inquiétudes que son neveu lui avoit données sur le sujet de la comtesse, et il étoit bien aise que l’abbé le tourmentât à son tour. Le bruit qu’il fit de cette lettre eut tout l’effet qu’il pouvoit souhaiter. Le comte de Guiche eut l’alarme et consulta Vineuil ; ils résolurent : ensemble, qu’il en parleroit lui-même à l’abbé, et cependant il écrivit cette lettre à madame d’Olonne :