Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/302

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faisant des caresses à son mari[1], aussi tendres qu’à un amant. Cela ne lui en donna pas moins de mépris pour elle. Il s’en retourna brusquement à son logis, où, ayant pris de l’encre et du papier, il écrivit ceci à Vineuil :

LETTRE.

Vous ne sçavez pas un nouvel amant de madame d’Olonne que j’ai découvert ? Mais quel nouvel amant, bon Dieu ! un amant bien traité, un rival domestique ! Il n’y a plus moyen de souffrir. C’est d’Olonne que je viens de surprendre sur les genoux de sa femme, qui recevait mille caresses de cette infidèle.

Je penserois n’être pas malheureux
Si la beauté dont je suis amoureux
Pouvoit enfin se tenir satisfaite
De mille amans avec un favory ;
Mais j’enrage que la coquette
Aime encor jusqu’à son mari.

Car enfin, mon cher, il n’est pas mari : il a toutes les douceurs des amants, il reçoit d’autres caresses que celles que fait faire le devoir, et il les reçoit de jour, qui n’a jamais été que le temps des amans.

  1. Dans les Amours de madame de Brancas, M. d’Olonne, Jeannin, Paget, reparoîtront. On y verra que, si madame d’Olonne jouoit des tours à son mari, celui-ci ne se gênoit nullement pour courir la pretentaine. Il paya sa belle-sœur, madame la maréchale de La Ferté ; il enleva madame de Brancas à Jeannin ; il eut une autre de ses belles-sœurs, la femme de son frère Royan. Ce gros homme, ce « tonneau », n’étoit donc pas adonné uniquement aux voluptés culinaires.