Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/304

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lui plaire. Je vous ai voulu faire cette déclaration afin que, sans y penser, vous ne vous fissiez point de méchantes affaires. Soyez mon ami, j’en serai ravie ; mais le moins que nous pourrons avoir de commerce ensemble ce sera le meilleur.—Oui, Madame, je vous le promets, lui dit l’abbé ; j’entre fort dans les sentimens de monsieur le comte de Guiche, et j’ai passé par tous les degrés de la jalousie. Ce n’est pas d’aujourd’hui que nous avons traité ce chapitre, lui et moi ; je sçais bien ce que je lui ai promis, et je l’assure que je n’y ai pas contrevenu.—Il est vrai, interrompit le comte, que je ne sçaurois me plaindre de vous ; mais Madame a fort bien dit, que, comme vous n’aviez aucun dessein, peut-être vous n’avez cru rien faire contre ce que vous m’avez promis, et les apparences seulement ont été contre vous.—Eh bien ! lui répliqua l’abbé, à cela ne tienne que vous soyez heureux ; je vous donne parole de ne voir Madame de dessein qu’une fois le mois, car pour les rencontres je n’en puis répondre ; mais c’est à vous à prendre vos sûretés pour cela. » Après mille civilités de part et d’autre, ils se séparèrent.

On s’étonnera peut-être que l’abbé souffrît si impatiemment les rivaux auprès de la duchesse de Châtillon et fût si traitable avec madame d’Olonne ; mais la raison est qu’avec la première il y avoit de l’amour, et avec l’autre rien que de la débauche, et que le corps peut souffrir des associés, mais jamais le cœur.

Quelque temps après, d’Olonne, averti de la mauvaise conduite de sa femme, résolut de l’envoyer à la campagne, tant pour l’empêcher de