Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/314

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mais, qu’il leur trouvât du mérite ou non, il s’en lassoit encore plus vite. Ce qui faisoit un peu plus durer son inclination, c’étoit la flatterie ; mais qui ne l’eût point admiré eût eu beau être admirable, il n’en eût pas fait grand estime. Comme il croyoit qu’une marque de bon esprit étoit la délicatesse pour tous les ouvrages, il ne trouvoit rien à son gré de tout ce qu’il voyoit, et d’ordinaire il en jugeoit sans connoissance et sans fondement. Enfin il étoit tellement aveugle de son propre mérite qu’il n’en voyoit point en autrui ; et, pour parler en Turlupin comme lui, il avoit beaucoup de suffisance et beaucoup d’insuffisance à la fois. Il étoit hardi à la guerre et timide en amour ; cependant, qui l’eût voulu croire, il avoit mis à mal toutes les femmes qu’il avoit entreprises ; et la vérité est qu’il avoit échoué auprès de certaines dames qui jusque là n’avoient refusé personne.

Portrait de M. de Bussy Rabutin.

Roger de Rabutin, comte de Bussy, mestre de camp de la cavalerie légère, avoit les yeux grands et doux, la bouche bien faite, le nez grand, tirant sur l’aquilin, le front avancé,

    Mesmes. C’est sa belle-mère qui avertit la reine-mère de tout ce que faisoit Vivonne pour fortifier le roi dans l’amour qu’il avoit juré à mademoiselle Mancini. On n’arriva que bien juste à temps pour le combattre. Vivonne fut exilé.

    Il rendit sur mer quelques grands services et eut du bonheur à la guerre ; mais ce ne fut jamais un très honnête homme.

    Madame de Sévigné écrit à Bussy le 22 septembre 1688 : « Vous savez la mort de votre ancien ami Vivonne. Il est