Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/33

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grossière, et, sans son visage, on ne lui auroit pas pardonné son air. Cela fit dire à ses flatteurs, quand elle commença à paroître, qu’elle avoit assurément le corps bien fait ; qui est ce que disent or[1]

  1. une personne en bon point de renommée. Je ne vois pas pourquoi M. Walckenaer (t. i, p. 357) croit que Beuvron étoit intimement lié avec elle dès ce moment-là.

    Le 3 mars 1652, le beau poète Loret écrit dans sa Gazette :

    D’Olonne aspire à l’hyménée
    De la belle Loupe l’aînée,
    Et l’on croit que dans peu de jours
    Ils jouiront de leurs amours.

    Le mariage eut lieu peu de temps après. V. Montpensier, t. 2, p. 246 de la Collection Petitot.

    Ce n’est toutefois qu’en 16 j6 que mademoiselle de Montpensier parle du bruit que « commençoit à faire » la beauté de madame d’Olonne ; mais les souvenirs de Mademoiselle sont quelquefois un peu confus, et d’ailleurs on peut admettre qu’elle attache une idée fâcheuse au mot bruit.

    A peine mariée, notre belle dame laisse son mari auprès du roi, et chevauche parmi les hardies frondeuses [Montpensier, t. 2, p. 24 j). Le temps n’est pas venu où madame de Sévignè écrira (13 novembre 1675) : « Le nom d’Olonne est trop difficile à purifier » ; où l’on chantera :

    La d’Olonne
    N’est plus bonne
    Qu’à ragoutter les laquais ;
    (Ms. 444, Suppl. Bibl. nat.)

    OÙ La Bruyère (t, i, p. 203 de l’édit. Jannet) dira : « Claudie attend pour l’avoir qu’il soit dégoûté de Messaline. » Il s’agit de Baron ; Claudie, c’est madame de la Ferté ; Messaline, c’est madame d’Olonne. Nous sommes en 1652, à la date du mariage, et Baron n’est pas encore né. Son acte de naissance, cité par M. Taschereau ( Vie de Molière, 3e éd., p. 249), le fait naître le 8 octobre 1653. Quant à la maréchale de la Ferté, on sait que sous ce nom tristement célèbre il faut reconnoître mademoiselle de La Loupe la cadette, celle que Saint-Simon a si souvent fouettée. Elle étoit belle aussi et le fut long-temps. Les deux sœurs vécurent jusqu’en 1714,et jouirent à leur aise de leur gloire.