Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/332

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que vous parliez comme vous faites, et que madame de Sévigny ne vous ait pas rebuté d’aimer les femmes.—Mais, à propos de madame de Sévigny, dit Vivonne, je vous prie de nous dire pourquoi vous rompîtes avec elle, car on en parle différemment. Les uns disent que vous étiez jaloux du comte du Lude, et les autres que vous la sacrifiâtes à madame de Monglas, et personne n’a cru, comme vous l’avez dit tous deux, que ce fût une raison d’intérêt[1].—Quand je vous aurai fait voir, répliqua Bussy, qu’il y a six ans que j’aime madame de Monglas, vous croirez bien qu’il n’entroit point d’amour dans la rupture qui se fit l’année passée entre madame de Sévigny et moi.—Ah ! mon cher, interrompit Vivonne, que nous vous serions obligés si vous vouliez prendre la peine de nous conter une histoire amoureuse ! Mais auparavant, dites-nous, s’il vous plaît, ce que c’est que madame de Sévigny, car je n’ai jamais vu deux personnes s’accorder sur son sujet.—C’est la définir en peu de mots que ce que vous dites là, répondit Bussy : on ne s’accorde point sur son sujet parcequ’elle est inégale, et qu’une seule personne n’est pas assez long-temps bien avec elle pour remarquer le changement de son humeur ; mais moi, qui l’ai toujours vue dès son enfance, je vous en veux faire un fidèle rapport. »

  1. Voir les lettres de madame de Sévigné et de Bussy.