Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/381

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Sçavoir en quel endroit on aime mieux : à la cour, à la ville ou la campagne.

D’ordinaire à la cour les cœurs sont tourmentés
De l’amour et de la fortune ;
À la ville souvent on voit trop de beautés,
Pour être fort constant pour une ;
Mais rien ne fait diversion,
Aux champs, à notre passion.

Sçavoir pourquoi l’on voit si souvent des femmes de mérite aimer de malhonnêtes gens, et d’honnêtes gens aimer des femmes sans mérite.

Lorsque l’on commence d’aimer,
On cache le désagréable,
On montre ce qu’on a d’aimable ;
On veut plaire, on veut enflammer ;
La plus aigre est douce et traitable.
Mais, après que l’un l’autre on a pu se charmer,
On ne se contraint plus, pas même aux bienséances ;
Ensuite chacun se déplaît,
Mais, de peur en rompant de perdre ses avances,
On en demeure où l’on en est.

Sçavoir quelle est la plus aimable maîtresse, de la prude ou de la coquette.

Silvandre, dans l’incertitude
Quelle il aimeroit mieux, la coquette ou la prude,
Et ne pouvant enfin se résoudre à choisir,
Me demanda quelle victoire
Seroit plus selon mon désir.
Voulez-vous, lui dis-je, me croire ?