Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/382

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La prude donne plus de gloire,
La coquette plus de plaisir.

Sçavoir s’il faut prendre au pied de la lettre tout ce que disent les amans.

L’hyperbole plaît aux amans,
Tout est siècle pour eux, ou bien tout est momens,
Et jamais au milieu leur calcul ne demeure :
Ils vont tous dans l’extrémité,
Ils disent que leur bien ne dure qu’un quart d’heure
Et leur mal une éternité.

Sçavoir si un grand amour peut compâtir avec une grande gaieté.

Tircis, quand tu viens voir Caliste,
Tu lui parois toujours content ;
Cependant il est très constant
Que qui dit amoureux dit triste.
Prends donc un air plus sérieux ;
Fais voir ton amour dans tes yeux :
Car, tant que l’on te verra rire,
On ne croira jamais que tu désire.

Sur le même sujet.

Je ne veux pas, Iris, que sans cesse on soupire ;
Mais, lorsqu’un grand amour a bien surpris un cœur,
Quoiqu’on soit plus content, on aime moins à rire,
Et le véritable air est celui de langueur.

Sçavoir quels sont les tempéramens les plus propres à l’amour.

Tous les tempéramens sont propres à l’amour,
Mais véritablement les uns plus que les autres.