Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/384

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Sçavoir lequel est le plus sûr à une dame pour se faire fort aimer, d’être facile ou difficile à se rendre.

Si vous voulez nos cœurs jusqu’à l’éternité,
Et ne trouver jamais la fin de nos tendresses,
Faites-vous bien valoir par la difficulté :
Car ce qui fait durer nos feux pour nos maîtresses
(Outre leur complaisance et leur fidélité),
C’est la peine et le temps qu’elles nous ont coûté.

Sçavoir ce qu’on doit croire du dépit d’un amant.

Lorsqu’à nos vœux la belle Iris contraire
Se rit des maux que l’on souffre en l’aimant,
On fait dessein, au fort de sa colère,
De la quitter, et l’on en fait serment ;
Mais des sermens que le dépit fait faire
Contre un objet qu’on aime chèrement,
Autant en emporte le vent !

Sçavoir si le plus de mérite est préférable au plus d’amour.

Vous souhaitez que je vous die
Qui je choisirois pour amant,
D’un homme d’un petit génie,
Qui m’aimeroit infiniment,
Ou d’un homme à mérite rare,
Qui m’aimeroit par manière d’acquit.
Puisqu’il faut que je me déclare,
Je baiserois les mains au bel esprit.
En voici la raison, Carite,
Raison plus claire que le jour :