Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/419

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Climène, c’est un pur abus.
Je crois qu’une aimable présence
Peut, nous trouvant sans résistance,
Insensiblement nous charmer ;
Mais je tiens pour chose certaine
Que nous n’aimons jamais, Climène,
Que nous ne voulions bien aimer.

Sçavoir si l’on peut aimer sans estimer.

Quand on méprise ce qu’on aime,
La passion est dans le sang,
Et, sa chaleur fût-elle extrême,
On ne sçauroit aimer long-temps.

Sçavoir de quelle manière les amans en doivent user ensemble sur l’intérêt.

Celle qui me vendra la dernière faveur
N’aura jamais mon cœur ;
Mais, après avoir eu des faveurs de Carite
Par la force de mon mérite,
Si cette belle avoit besoin
Ou de mon bien, ou de ma vie,
Je n’aurois pas de plus grand soin
Que de contenter son envie.
Les amans sur le bien font comme les Chartreux :
Tout doit être commun entre eux.

Sçavoir si la délicatesse des amans et des maîtresses sur leur conduite doit être égale.

Vous devez à votre conduite
Des soins qui me sont superflus.
Quand on dit que j’aime Carite,