Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/425

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Sçavoir si un mari fort laid a raison de souhaiter que sa femme le regarde.

Tu te plains incessamment
De ne point attirer les regards d’Ennemonde.
Laisse-la, pauvre innocent,
Plutôt que toi regarder tout le monde.
Qu’elle envisage son devoir :
Par là tu te pourras sauver du cocuage ;
Mais si c’est toi qu’elle envisage,
Cela n’est pas en ton pouvoir.

Sçavoir ce qui est préférable en une belle maîtresse, ou le cœur, ou le corps.

Un brutal pour ton cœur ne feroit nuls efforts,
Il aimeroit mieux la personne ;
Mais, pour moi, je n’aime ton corps
Qu’autant que ton cœur me le donne.

Sçavoir si une femme peut aimer son mari, quoi qu’il vive bien avec elle, quand elle aime son amant.

Philis disoit un jour à l’aimable Climène :
« N’aimez-vous pas bien votre époux ?
Il est complaisant, il est doux,
—Non, dit-elle,—Et d’où vient, dit Philis, votre haine ?
Vous avez un si bon cœur,
Tant de justice et de douceur !
Vous avez tant de pente à la reconnoissance !
—Il est vrai, dit Climène, il seroit mon ami
S’il n’étoit pas mon mari ;
Mais je n’ai rien pour lui que de la complaisance.
Avecque lui je vis honnêtement ;