Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/438

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L’Isle est une petite ville dont la situation paroît d’abord avantageuse à cause qu’elle est au milieu de la Carogne ; mais, cette rivière étant guéable de tous côtés dans cet endroit, la place n’est pas plus forte que si elle étoit dans la plaine. Sitôt que vous en approchez, il vous vient une senteur de chevaux morts si forte qu’il n’est pas possible d’y demeurer. Il n’y a personne qui puisse y coucher plus d’une nuit, encore la trouve-t-on bien longue : aussi le lieu s’en va bientôt devenir désert.

Champré[1] est une des plus grosses villes du pays ; elle a plus de deux[2] lieues de tour. Il y a une place au milieu de la ville de fort grande étendue ; elle est située dans un marais qui ne la rend pas pour cela plus inaccessible ; car, comme l’a fort bien remarqué le géographe de ce pays-là, les habitans de cette ville, qui sont gens de grand commerce, ont fait plusieurs levées qui l’ont bien dégarnie.

Arnault[3] est fort semblable à Champré, tant pour la grandeur de sa place que pour sa situation, hors qu’elle est encore plus marécageuse ; mais elle l’est tellement qu’on ne sçauroit davantage. Le gouverneur[4] a grand soin de cette place, car

  1. Fille d’un conseiller au Parlement nommé Henry, sœur de Gerniou, veuve du fils du ministre Ferrier, et femme du conseiller Menardeau, seigneur de Champré.
  2. Ailleurs dix.
  3. Veuve du président de la Barre, remariée en 1650 à Isaac Arnauld, mestre de camp général des carabins (carabiniers) et lieutenant général, mort en 1652.
  4. Clérambault, déjà cité.