Madame d’Olonne fut fort surprise de recevoir cette lettre si rude ;
mais, comme sa conscience lui faisoit encore des reproches plus aigres
que son amant, elle ne chercha point de raisons pour se défendre, et
se contenta de répondre en ces termes :
LETTRE.
Ma conduite passée est si ridicule, mon cher, que je désespérerois d’être jamais aimée de vous si je ne me pouvois sauver sur l’avenir par les assurances que je vous donne d’un procédé plus honnête ; mais je vous jure par vous-même, qui est ce que j’ai de plus cher au monde, que Paget n’entrera jamais chez moi, et que Beuvron, que mon mari me force de voir, me verra si rarement que vous connaîtrez bien que vous seul me tenez lieu de toutes choses.
Le duc de Candale fut tout à fait assuré par cette lettre ; il fit
ensuite des résolutions de ne plus condamner sa maîtresse sur des
apparences qu’il jugea toutes trompeuses. Pour avoir été, à ce qu’il
lui sembloit, sans raison soupçonneux, il se jeta dans l’autre
extrémité de la confiance, et prit en bonne part tout ce que madame
d’Olonne lui fit, six mois durant, de coquetteries et d’infidélités,
car elle continua de voir Paget et de donner des faveurs à Beuvron ;
et, quoiqu’on en écrivît de plusieurs endroits au duc de Candale, il
crut que cela venoit de son père ou de ses amis, qui le vouloient
détacher de l’amour d