Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/52

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Portrait de monsieur Jeannin de Castille.

Jeannin de Castille avoit la taille belle, le visage agréable, bien de la propreté, fort peu d’esprit ; de même naissance et même profession que Paget, et beaucoup de bien comme lui. Il étoit assez bien fait pour faire croire que, s’il eût porté l’epée, il eût eu des bonnes fortunes par son mérite seulement ; mais sa profession et ses richesses

    petit-fils du président Jeannin, ministre de Henri IV. Ce Jeannin avoit marié sa fille à P. Castille, ancien marchand de soie, devenu receveur du clergé, et affirmant alors qu’il étoit bâtard de Castille. En généalogie tout marche à la longue. Soit pour la bâtardise ! Ce qui est certain, c’est qu’une Jeannin (de Castille), en 1705, épouse un prince d’Harcourt, et a pour filles des duchesses de Bouillon et de Richelieu. Au bout d’un siècle, voilà ce qui fleurit sur la tige.

    Jeannin, beau-frère de Chalais par sa sœur à lui, « belle personne », dit Tallemant des Réaux (t. 3, p. 193), se trouva un moment près de la banqueroute. (Épigr. Bibl nat., ms. sup. fr., n. 540, f. 56). Adieu alors la galanterie ! De bonne heure il s’étoit montré « coquet » (Tallem. t. 4, p. 32). Entre autres maîtresses on lui connoît cette malheureuse Guerchy, qui mourut d’une si triste mort (Nouveau siècle de Louis XIV, p. 60). La galante madame de Nouveau s’amouracha de lui (Tallem. 2e édit., t. 7, p. 241).

    En 1678, il est vieux. Madame de Sévigné, son amie, lui reproche ses fredaines ; Bussy lui dit : « Vous savez (lettre du 31 décembre) que sur le chapitre des dames il n’est pas tout à fait si régulier que les évêques. »

    Nicolas Jeannin de Castille étoit marquis de Montjeu ou de Mondejeu (Loret, 7 février 1654). Le nom n’y fait rien (Walckenaër, t. 2, p. 470). Madame de Sévigné (20 mai 1676) l’appelle Montjeu tout court et se moque de son marquisat ; mais elle l’aime véritablement, va loger chez lui, date de chez lui quelques lettres (22 juillet 1672). Bussy l’aimoit de même (lettre du 22 mars 1678).

    Mademoiselle de Montpensier (t. 4, p. 441) a daigné écrire