Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/68

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contre madame d’Olonne, et dirent publiquement qu’ils vengeroient le tort et le mépris qu’on avoit fait de la religion en ce rencontre. On adoucit quelque temps après les esprits de leurs Majestés, et toutes ces menaces aboutirent à n’avoir plus d’estime pour madame d’Olonne[1].

Pendant que toutes ces choses se passoient, Jeannin jouissoit paisiblement de sa maîtresse. Lorsqu’elle fit tirer la loterie, j’ai déjà dit que des dix mille écus qu’elle avoit reçus, elle n’en avoit tout au plus employé que la moitié, et la plus grande partie de cette moitié fut distribuée aux

    contre. Le roi et la reine en furent fort en colère. Personne ne se vanta d’en avoir été. À la fin, on sut que c’étoit d’Olonne, sa femme, l’abbé de Villarceaux, Ivry, milord Craff et une demoiselle de madame d’Olonne, et que son mari avoit voulu absolument qu’elle s’habillât de cette sorte. Elle n’avoit point paru dans le monde ; tout le carnaval, elle ne bougea de son logis. Elle avoit un mal au pied, dont il lui étoit sorti des os ; ainsi elle fut obligée de garder le lit. M. de Candale étoit fort amoureux d’elle il y avoit long-temps, et il avoit été affligé extrêmement de la quitter. Depuis son départ, on savoit que Jeannin, trésorier de l’épargne, alloit souvent chez elle ; on examina fort sa conduite sur la mort de M. de Candale. Elle parut fort affligée, et même on dit qu’elle pleura toute la nuit, qu’elle en demanda pardon à son mari et lui avoua qu’elle l’avoit fort aimé. »

  1. Les Villarceaux (Louis et René) menèrent joyeuse vie. Le marquis, l’aîné par conséquent, fut un des beaux esprits de l’hôtel de Rambouillet ; Ninon (1652) n’aima personne plus passionnément que lui, et on a voulu, mais sans preuve (Walck., t. 1, p. 469), que madame de Maintenon, dans sa jeunesse abandonnée, ait écouté favorablement ses prières. Sa femme étoit aimable. Courtisan à sa manière, il refusoit l’ordre pour son fils et ne craignoit pas d’offrir au roi l’amour de sa nièce, Louise-Élisabeth Rouxel (madame de Grancey). Louis XIV lui lava la tête comme il le méritoit. (Sévigné, 23 décembre 1671.)

    Son frère, René de Mornay, abbé de Saint-Quentin-lez-Beauvais,