Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/70

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l’un de son argent, et l’autre de ses faveurs. Pour conclusion, madame d’Olonne lui défendit son logis, et Jeannin lui dit qu’il ne lui avoit jamais obéi de si bon cœur qu’il feroit en ce rencontre, et que ce commandement lui alloit sauver des peines et de la dépense.

Cependant le commerce de Beuvron avec elle duroit toujours. Soit que le cavalier ne fût guère amoureux, soit qu’il se sentît trop heureux d’avoir de ses faveurs à quelque prix que ce fût, il la tourmentoit peu sur sa conduite ; elle le traitoit aussi de son pis aller, et l’aimoit toujours mieux que rien.

Quelque temps après la rupture de Jeannin, Marsillac, qui avoit des amis plus éveillés que lui, fut conseillé par eux de s’attacher à madame d’Olonne. Ils lui dirent qu’il étoit en âge de faire parler de lui, que les femmes donnoient de l’estime aussi bien que les armes ; que madame d’Olonne, étant une des plus belles femmes de la cour, outre de grands plaisirs, pouvoit encore bien faire

    cite, dès 1637, comme un de ses amis. Madame de Chevreuse l’aimoit aussi. « On ne comprenoit pas, remarque Tallemant (t. 1, p. 405) quels charmes elle y trouvoit. » C’étoit un ami politique. Il étoit venu en France avec les Stuarts. Comme il étoit riche et original, il eut du succès. Madame de Châtillon essaya de se faire épouser par lui en 1656 : c’est du moins ce que la reine d’Angleterre dit à Mademoiselle (t. 3, p. 54).

    Au rétablissement de Charles II, il revint en Angleterre. Gourville, exilé, nous en parle (Collect. Michaud, p. 540) à la date de 1664 : — « Je trouvai en ce pays-là le milord Craff, qui avoit été fort des amis de M. de La Rochefoucault à Paris, et à qui j’avois même prêté quelque argent, qu’il m’avoit rendu depuis le rétablissement du roi. » — … « (Il) nous mena à une très jolie maison de campagne qu’il avoit à dix milles de Londres, sur le bord de la Tamise. »