Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/106

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mais comme elles n’avoient alors que le bonheur de La Vallière en tête, elles ne s’arrêtèrent pas à parler de celui de ces deux personnes, quoique je n’en connoisse pas de plus grand. Elle demanda donc à la Duchesse si elle connoissoit rien de plus heureux que cette fille. — Oui, Madame, reprit hardiment la Duchesse, je me crois encore plus heureuse qu’elle lorsque je vois le Légat ; car il est certain qu’il est mille et mille fois plus charmant que le Roi. — Ah ! reprit Madame, que le Roi est pourtant aimable pour cette créature, et qu’il y a peu de gens qui lui puissent rien contester ! — Mais, Madame, répliqua la Duchesse avec du dépit, vous demeurez toujours d’accord que monsieur le Cardinal-Légat est incomparablement plus beau et a plus de douceur, et, je pense, plus d’esprit que le Roi ; pour de la tendresse, mon cœur en est bien content. — Il est certain ce que vous dites, répliqua Madame, que le Légat a plus de mine et de douceur que le Roi ; mais pour de l’esprit, il faut que vous sachiez qu’on n’en peut pas avoir plus que le Roi n’en a avec ce qu’il aime, ni plus de respect. Encore une fois, Madame, vous ne savez pas combien le particulier du Roi est agréable avec une personne pour qui il a de la passion. Imaginez-vous que l’on diroit qu’il n’y a que cette seule personne en tout

    Bruxelles en 1649, pour traiter avec l’Espagne au nom des Frondeurs, y trouva madame de Chevreuse. Laigues étoit jeune et fort bien de sa personne ; il réussit à lui plaire, et tous deux s’attachèrent si bien l’un à l’autre qu’ils ne se quittèrent plus. Brienne regarde aussi le marquis de Laigues comme « le mari de conscience de la duchesse ». Voy. M. Cousin, Vie de madame de Chevreuse, p. 225.