Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/109

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avoir essuyé ses beaux yeux, elle fit ces deux couplets de chanson :

Iris au bord de la Seine…

Voilà, ma chère, dit-elle à la Duchesse, ce que je pense en général des hommes. Je vous trouve si sage de n’en aimer aucun, que j’admire votre prudence, ou plutôt la froideur de votre âme. »

La Duchesse rougit, et son cœur fit voir dans ses yeux que la flamme, pour en être sèche, n’en étoit pas moins ardente. De manière que Madame, qui est adroite, reprit finement, et cependant selon son cœur : « Quoi que je dise contre les hommes, il est pourtant vrai que je connois bien qu’il y a mille et mille agréables commerces secrets qui sont bien plus charmans que ceux où il y a tant de galanterie et d’éclat qu’ils obligent tout le monde d’en causer. — Ah ! Madame, reprit la Duchesse, qu’il est bien vrai ce que vous dites, et qu’il y a de gens heureux dans le monde qui ne font point de bruit ! Ils ne veulent qu’eux-mêmes à être les seuls témoins de leurs félicités, ou tout au plus quelque agréable confident ou confidente. — Pensez-vous en vérité me persuader que tous les amours sont tendres et sincères ? — Non, Madame, ils ne le sont point. Il n’y a qu’une certaine manière de débusquer ses rivaux, et j’ai ouï dire à monsieur le duc de Guise bien des fois qu’il n’a jamais mieux aimé mademoiselle de Pons [1] que lorsque

  1. Tallemant a parlé longuement des amours du duc de Guise et de mademoiselle de Pons. Voy. édit in-18, tom. 7, p. 111 et suiv.