Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/133

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Qu’elle ne doit et qu’il ne faut.
La moindre se fait demoiselle[1] ;
Il faut brocards, il faut dentelle,
Il faut perles et diamans,
Il faut riches ameublemens,
Et mille autres telles denrées[2] ;
Mais pour les rendre ainsi parées,
Il faudroit que tous les maris
Fussent de vrais Jean de Paris.
De là vient la source maligne
Qui cause le malheur insigne
D’être enfin prise au saut du lit
Et surprise en flagrant délit.
Ô Dieu ! qu’on en prend de la sorte !
Sans celles que la fausse porte
Fait sauver par quelques détroits
Pour être prise une autre fois.
Ninon dans un fiacre est prise
Avec un homme à barbe grise ;
Ninon au carrosse à cinq sous[3]
Se laisse prendre et file doux ;
Lucrèce en sortant est grippée ;
Babet en dansant est happée ;
On surprend Manon et Cataut
Qui vont l’une en bas l’autre en haut ;
Jeanneton aux sergens fait tête.

  1. C’est-à-dire noble. Les filles nobles étoient seules appelées « mademoiselle ».
  2. Les reproches faits de tout temps aux femmes à ce sujet ont toujours alimenté la littérature de feuilles volantes. Voy., dans cette collection, le Recueil de poésies françaises du XVe et du XVIe siècle, publié par M. Anat. de Montaiglon, passim, et surtout t. 5, p. 5, et les Variétés historiques et littéraires, publ. par M. Éd. Fournier.
  3. Les carrosses à cinq sous étoient des espèces d’omnibus. Loret parle de leur établissement. M. de Montmerqué en a écrit l’histoire.