Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/134

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On ne vit jamais telle fête.
Pots, pintes, tables, escabeaux,
Siéges, chandeliers, cruches, seaux,
Vaisselle, sans être comptée,
Volent d’abord sur la montée.
Tout y fait le saut périlleux,
Jusqu’aux bouteilles deux à deux ;
Puis Jeanneton court à la broche.
Cependant un sergent l’accroche ;
Elle l’égratigne et le mord.
Les voilà tous deux en discord,
Prêts à s’arracher la prunelle ;
Mais le sergent est plus fort qu’elle :
Il l’entraîne contre son gré,
Lui fait sauter plus d’un degré,
Et, sans entendre raillerie,
La mène à la Conciergerie.
On déniche dès le matin
La fameuse et fière Catin :
Quoiqu’on la fasse aller en chaise.
Elle n’est pas trop à son aise,
La commodité lui déplaît ;
Mais on s’en sert telle qu’elle est.
Marquise, comtesse ou baronne,
Il faut comparoître en personne,
Et faire entrer au Chatelet,
À jour ordonné sans délai :
C’est un arrêt irrévocable.
On prend au lit, on prend à table ;
Pourvu qu’on soit en mauvais lieu,
Suffit, la prise est de bon jeu.
On a beau dire : Je suis telle,
Je suis d’auprès de la Tournelle,