Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/147

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Instruction aux artisannes,
Aux servantes, aux paysannes,
A toute autre grisette aussi,
De ne jamais broncher ainsi ;
Désormais la sage bourgeoise,
Vivant en liberté françoise,
Ira partout le front levé,
Et tiendra le haut du pavé
Sans peur de se voir affrontée
Par quelque cambrouse effrontée
Qui fait par un méchant trotin[1],
Porter sa jupe de satin.
L’honneur, la vertu, le mérite,
Qu’il faudra que chacun imite,
Feront renaître dans nos jours
De justes et chastes amours.
L’impureté sera bannie
Des plaisirs de la douce vie.
Tout ira comme il doit aller.
Mais il faut d’ici détaler,
Rebut du sexe, on vous l’ordonne ;
Sans vous la ville est belle et bonne,
On y va vivre en sûreté
Dans une honnête liberté ;
Les bons desseins qu’on a pour elle
La font de plus belle en plus belle.
Paris est plus qu’il ne paroît,
Mais jamais ne fut ce qu’il est.
Les laquais y sont sans épées[2],

  1. Le trotin étoit au laquais ce que le galopin étoit au marmiton, de plusieurs degrés un inférieur.
  2. Un gentilhomme, M. de Tilladet, capitaine aux gardes, neveu de M. Le Tellier, secrétaire d’État, a été ici tué misérablement par les pages et laquais de M. d’Épernon. Les