Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/18

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qui suis vrai et qui les aime, je leur donne la préférence sur nous, et nos langues, de concert, doivent sans cesse publier leurs mérites. Je joins à la mienne ma plume pour écrire leurs grandes actions, et pour exprimer leur vertu, dont nos cœurs sont semblablement touchés. Comme j’en connois l’éclat, j’emploie tout mon pouvoir pour maintenir ce sexe si admirable dans ses anciens droits. Puisque les contester seroit blesser les lois de la nature, les règles de la raison, et même les maximes de la religion, il le faut bien croire supérieur au nôtre.

Louis XIV l’avoit non seulement respecté, mais encore s’en étoit-il rendu l’esclave, ce magnanime prince qui surpassoit les héros de l’antiquité, qui égaloit les dieux du paganisme, qui étoit un Jupiter dans les conseils, un Mars dans les armées, un Apollon par ses lumières, et un Hercule par ses travaux. C’est de ce puissant monarque, de ce roi si chéri, non seulement de ses sujets, mais de tout l’univers, que j’entreprends de décrire les amours, oubliant volontiers les bourgeoises et magistrales [1] qui ne doivent en quelque sorte qu’occuper le commun du peuple. À peine Louis XIV

    la Bibliothèque de l’Arsenal ; ce dernier nous a fourni quelques variantes heureuses. Tous les deux, d’ailleurs, par leur style, trahissent la main d’un étranger. Ils n’ont de valeur que parce qu’ils comblent une lacune dans la série des amours du grand roi.

  1. On retrouvera ces mêmes expressions au début de la pièce suivante, le Palais-Royal, ou les Amours de mademoiselle de La Vallière, qui certes n’est pas de la même main. Quant à ces intrigues bourgeoises et magistrales, ne s’agiroit-il point du touchant récit qui a pour titre Junonie, et qu’on retrouvera plus loin ?