plusieurs personnes de parler, comme vous savez que l’on fait en de pareilles rencontres, principalement aux gens de cour, lesquels, comme plus savants en ces sortes de choses, en parlent plus pertinemment et plus hardiment.
Il y avoit en ce même temps une fort célèbre compagnie, en un certain lieu de Paris ou ailleurs ; je ne sais pas assurément l’endroit, mais je sais bien que c’étoit des intimes de M. le comte de Lauzun [1], comme vous jugerez par leurs discours, lesquels, après avoir longtemps conversé ensemble, tombèrent enfin sur le mariage de Mademoiselle ; et après en avoir dit chacun son sentiment, et le peu de cas que Son Altesse royale en avoit fait, un de la compagnie s’adressa à M. de Lauzun, et lui dit : « Et vous, monsieur de Lauzun, à quoi songez-vous, et d’où vient qu’un homme d’esprit comme vous êtes s’oublie dans une occasion si belle et si noble ? Quoi ! croyez-vous que cette affaire ne mérite pas bien que vous y songiez ? Vous pourriez bien plus mal employer votre temps. »
Cette harangue si peu attendue surprit si fort M. de Lauzun qu’un esprit moindre que le sien auroit eu assez de peine à répondre. En effet, après avoir reculé deux ou trois pas : « Quoi ! monsieur, répondit-il à celui qui lui avoit parlé,
- ↑ Voy., sur M. de Lauzun, une note de M. Boiteau dans le 1er volume de l’Histoire amoureuse, p. 132 et suiv.
ne se rapportent pas au passage qui nous occupe, parcequ’elles rappellent les démarches antérieures faites par madame de Longueville pour assurer à son fils, à peine âgé de vingt ans, moins l’honneur d’une alliance disproportionnée que les immenses richesses de mademoiselle de Montpensier.