Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/223

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ou bien ailleurs ; et j’espère bien que Votre Altesse Royale s’apercevra bientôt de mes soins pour elle. »

Cet heureux commencement ne peut promettre à M. le comte de Lauzun qu’une belle et glorieuse fin ; il parle à Mademoiselle de savoir des secrets, de confidence, de plaisirs, et enfin il touche en passant la corde du mariage. Ce furent de grandes choses pour cette princesse, et celui qui les disoit ajouta tant d’éloquence et d’agrément, qu’elle ne put résister à tant d’ennemis qui l’attaquoient à la fois ; de façon qu’ayant écouté fort attentivement M. de Lauzun, cette princesse y prit tant de plaisir qu’enfin elle se rendit à un discours si doux et qui la flattoit si agréablement. Le premier témoignage qu’en reçut M. le comte de Lauzun fut en cette manière : « He bien, comte de Lauzun, que faut-il donc faire ? Je suis prête à faire ce que vous me dites ; mais le moyen ? — C’est, Mademoiselle, répondit-il d’abord, qu’il faut qu’auparavant vous fassiez une confidence [1] particulière avec quelqu’un, sur qui vous pourrez vous fier. — Mais où prendre, répliqua Mademoiselle en souriant, quelque personne sur qui l’on se puisse assurer ? — Mademoiselle, répondit M. de Lauzun, que je serois heureux si Votre Altesse royale trouvoit en moi sur qui s’assurer ! Ha ! que je serois fidèle ! Oui, Mademoiselle, si ce bonheur m’arrivoit, je me sacrifierois plutôt que

  1. Faire confidence avec quelqu’un, c’étoit mettre sa confiance en quelqu’un. — Nous disons encore maintenant, avec un semblable emploi du mot confidence : Il est en grande confidence avec M. N.