Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/224

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de manquer de fidélité. Et de plus, après que Votre Altesse Royale auroit commencé à se fier à moi, elle seroit assurée de n’ignorer pas ce qui se feroit ou diroit jusques dans le cabinet du Roi, soit qu’elle fût à la Cour ou non. — Eh bien ! monsieur de Lauzun, dit Mademoiselle, continuant à sourire, je suis résolue, puisque vous dites qu’il le faut, à me choisir un confident à qui je découvrirai ma pensée fort ingénuement, pour l’obliger à en faire de même. Mais aussi il peut bien s’attendre que si je viens à découvrir qu’il me fourbe, il en sera tôt ou tard puni ; et au contraire, s’il agit en galant homme, il sera mieux récompensé qu’il n’ose peut-être espérer. — Quoi ! Mademoiselle, répartit M. de Lauzun, après la charmante parole que Votre Altesse Royale vient de prononcer, se trouveroit-il bien un courage assez lâche pour manquer à son devoir ? Ah ! cela ne se peut, Mademoiselle, et le ciel est trop juste pour permettre une si noire injustice. Que si par un malheureux hasard cela arrivoit, la grâce que je demande dès à présent à Votre Altesse Royale, c’est qu’elle me permette d’espérer de servir d’instrument pour punir un si horrible crime, ou de demeurer dans une si glorieuse entreprise. — Eh bien, vous serez pleinement satisfait, monsieur de Lauzun, dit Mademoiselle, si cela est capable de vous satisfaire, et vous seul punirez ce coupable, du moins s’il le devient. Mais aussi ne prétendez pas avoir lieu de révoquer votre parole ; car ce n’est pas à des personnes de mon rang à qui l’on doit promettre plus qu’on n’a dessein de tenir. — Oui, Mademoiselle, je vous la tiendrai, cette parole, répondit