Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/225

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M. de Lauzun, ou j’y finirai ma vie. — Mais si dans le choix que je fais pour mon confident, vous y trouviez un véritable ami, ou un parent proche ou allié, enfin quelqu’un que vous aimassiez plus que vous-même, que feriez-vous en cette rencontre ? car il est bon de vous expliquer toutes choses, afin que vous ne prétendiez point de surprise. — Ah ! Mademoiselle, Votre Altesse Royale fait tort à mon courage, s’il m’est permis de lui parler ainsi avec tout le respect que je lui dois, et mon devoir m’est plus cher que parents et amis, de même que la vie ne m’est rien en comparaison de mon honneur. Mais enfin, Mademoiselle, continua notre incomparable comte, ne m’est-il point permis de demander quel est cet heureux homme, contre lequel Votre Altesse Royale semblé avoir pris plaisir de m’animer, comme si j’avois une armée nombreuse à combattre ? — Comme l’ennemi, dit Mademoiselle, que vous aurez en tête, si l’on me trahit, est puissant et fort en effet, quoique petit en apparence, j’ai été bien aise de savoir si vous ne chancelleriez point à m’entendre parler. — Moi chanceler, Mademoiselle ! reprit M. de Lauzun, vous me verrez toujours ferme et inébranlable. — Je suis pourtant assurée, dit Mademoiselle, que son seul nom vous y fera songer plus d’une fois, et peut-être sera-t-il assez fort pour vous faire repentir de tout ce que vous avez avancé sur ce chapitre. — Moi repentir, Mademoiselle ! répondit M. de Lauzun ; toute la terre ni la mort même n’est pas capable de me faire dédire, et quand toutes les puissances s’armeroient pour ma perte, je les