Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/236

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je m’en promets m’ont forcé à prendre la liberté de vous faire une très humble prière : c’est, Mademoiselle, que comme c’est une chose infaillible selon toutes les apparences, puisque les plus grands du monde ont aspiré à ce haut bonheur, votre renommée a publié partout le pouvoir de vos charmes ; de manière que, parmi tous ceux qui ont appris les merveilles de votre vie, il y en a peu, ou, pour mieux dire, il n’y en a point dont l’esprit n’ait été agréablement surpris, et qui ne soupirent pour vous [1]. Ainsi, dans cette foule de soupirants, il ne se peut, à moins que le ciel ne voulût se rendre coupable de la dernière injustice, que vous ne soyez un jour à quelqu’un, et je sçais que ce sera bientôt : car enfin je ne sçaurois faire sortir cette pensée de mon esprit, et mon imagination en est tellement préoccupée, qu’à tous moments, et même dans le peu de repos que je prends, je n’en suis pas exempt. Il y a déjà long-temps que je ne rêve à autre chose ; de façon, Mademoiselle, que la grâce que je demande à Votre Altesse Royale, c’est que, comme elle m’a si souvent honoré de sa confidence, il me soit permis d’en espérer une seconde. »

Alors Mademoiselle, en le regardant d’un air doux et sincère, répondit en ces paroles : « Il est bien juste, Monsieur ; depuis qu’on a une fois choisi quelqu’un pour confident en une chose, ce seroit démentir son choix que de ne lui pas confier tout sans réserve. Pour moi, qui ne prétends

  1. Tout ce texte est fort mauvais et ne présente pas de suite ; aucune édition, aucune copie manuscrite ne nous a autorisé à le modifier.