Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/243

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envers Mademoiselle, qu’il alla voir un jour. Il ne manqua pas d’abord de dire tout ce qui le pouvoit faire tomber sur ce discours. Ayant enfin trouvé lieu de le faire, il dit à cette princesse : « Il ne faut pas demander, Mademoiselle, si Votre Altesse royale sera du voyage de Flandres ; la chose est trop juste et trop raisonnable pour en douter. — Moi, dit Mademoiselle, j’en serai si le Roi le veut ; autrement je ne m’en soucie pas beaucoup. — Que dites-vous, Mademoiselle ? répondit-il ; vraiment le Roi ne le désire que de reste, et je suis assuré qu’il s’y attend. — Je n’irai pourtant point sans qu’il me le dise, repartit la princesse. — Je sais bien, poursuivit notre comte, que la Cour est partout où vous êtes, et que toute autre vous peut sans injustice paroître indifférente. Mais, s’il m’est permis de dire ma pensée avec tout le respect que je dois à Votre Altesse Royale, vous ne pouvez pas vous dispenser de ce voyage sans vous opposer en quelque manière au dessein que le Roi a de paroître en ce pays-là avec le plus d’éclat qu’il lui sera possible, parce que, Votre Altesse royale faisant un des plus beaux et glorieux ornements de la Cour, vous ne pouvez vous en séparer sans la priver de la plus belle partie de son éclat. D’ailleurs, je sais que Votre Altesse Royale est trop considérée du Roi pour permettre, à moins que vous ne le vouliez absolument, que vous restiez ; et je suis persuadé que vous aimez trop le Roi pour tromper ses espérances, car assurément il s’y attend. — Vous direz et croirez tout ce qu’il vous plaira, M. de Lauzun, dit Mademoiselle, mais je puis vous assurer que je n’irai point sans ordre. — Eh bien.