Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/244

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Mademoiselle, répondit M. de Lauzun, s’il ne faut que cela, je suis assuré que mes souhaits seront accomplis et que Votre Altesse royale verra la Flandre. »

Il prit congé là-dessus de Mademoiselle, et dit en souriant, au sortir de la chambre de cette princesse : « Je m’en vais demander un ordre au Roi ; ce n’est pourtant pas celui de Saint-Michel, ni celui du Saint-Esprit. — Quel peut-il donc être ? dit Mademoiselle avec un souris ; nous n’en avons point d’autre en France, hors celui de Malthe ; mais je ne crois pas que vous songiez à celui-là. — Votre Altesse Royale a raison, dit M. de Lauzun, qui s’étoit arrêté à la porte de la chambre de cette princesse pour lui répondre. L’ordre, poursuivit-il, que je vais demander au roi m’est infiniment plus cher et plus agréable que tous ceux que Votre Altesse royale vient de nommer. — Mais quel est-il donc ? continua Mademoiselle en s’approchant de lui et continuant son souris ; ne peut-on point le savoir ? — Et comme je me promets de l’obtenir, dit notre comte, Votre Altesse sera la première à qui je le dirai. — Mais vous reverra-t-on bientôt, Monsieur ? dit Mademoiselle. — Oui, Mademoiselle, et plus tôt que vous ne pensez et avec de bonnes nouvelles. » Et ayant fait une profonde révérence, il s’en alla tout droit vers le Roi, à qui il demanda, après plusieurs discours, si Mademoiselle ne seroit point du voyage. Le Roi lui répondit qu’elle en seroit si elle vouloit. « Ha, Sire, poursuivit notre amoureux comte, vous savez que les princes et surtout les princesses du sang ne marchent pas sans ordre ; ainsi Mademoiselle