Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/245

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n’y songera pas assurément d’elle-même, et puis il est important qu’elle en soit, afin de tenir compagnie à la Reine. Il n’y en a point, à la Cour, qui fasse tant d’honneur à Sa Majesté, comme étant la première princesse du sang et celle qui est en état, et par ses biens, et par toutes sortes de raisons, de paroître avec plus d’éclat et de pompe. Ainsi Votre Majesté aura égard, s’il lui plaît, qu’il est de conséquence que Mademoiselle ne quitte point la Reine, qui sans doute ne seroit pas bien aise de faire ce voyage sans avoir avec elle cette princesse. Je sais, Sire, que Mademoiselle ne peut rien résoudre d’elle-même, par le profond respect qu’elle a pour Votre Majesté. Il seroit fâcheux que cette princesse fût obligée de partir sans avoir eu le temps qu’il faut aux personnes de son rang pour se préparer, parce qu’il faudra sans doute faire les choses d’un air proportionné à la qualité et au désir qu’elle a de satisfaire pleinement au dessein de Votre Majesté. Vous n’avez donc, Sire, qu’à lui faire savoir vos ordres par quelqu’un, et je suis assuré que la soumission qu’elle m’a toujours témoignée pour vos volontés les lui fera recevoir avec joie. Et j’ose avancer même que, si Votre Majesté paroissoit sans cette princesse, elle en seroit inconsolable ; tant elle est attachée à ses intérêts. — Allez-vous-en donc lui dire, dit le Roi, que je la prie de se tenir prête pour accompagner la Reine à son voyage, et que je lui en témoignerai ma gratitude. »

Il ne falloit pas dire deux fois pour faire partir M. de Lauzun, qui, voyant tous ses desseins si heureusement réussir, si heureusement, dis-je,