Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/262

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plus. Quoi ! je vous accorde ce que vous me demandez préférablement à tout autre ; cependant ce qui peut être un sujet de joie à beaucoup d’autres n’en est pour vous que de plaintes ! En vérité, je ne sais pas ce qu’il faut faire pour vous satisfaire. — De grâce, Mademoiselle, répondit M. de Lauzun, n’insultez pas davantage un misérable ; que Votre Altesse Royale se divertisse tant qu’il lui plaira à mes dépens, j’y consens de tout mon cœur. Mais je lui demande seulement qu’elle ait la bonté de révoquer une raillerie qui donneroit lieu à tout le monde après vous de me traiter de fou et de ridicule. Et encore un coup, Mademoiselle, je n’ai reçu toutes ces marques de votre bienveillance dont Votre Altesse Royale m’a honoré que comme des effets de votre générosité et d’une bonté toute particulière, et dont je n’ai jamais mérité la moindre partie ; et tous les bons accueils, ni l’estime que Votre Altesse Royale a témoigné avoir pour moi, ne m’ont jamais fait oublier qui vous êtes, ni qui je suis. Que si j’en ai usé si librement, ç’a été sans dessein, et je vous demande, Mademoiselle, de m’en punir de toute autre manière qu’il plaira à Votre Altesse Royale ; je subirai son jugement jusques à m’éloigner de sa vue pour jamais ; je mourrai même pour expier les fautes que je puis avoir commises, quoique involontairement, envers votre Royale personne. Je ne demande seulement à Votre Altesse Royale que l’honneur de son souvenir, et qu’elle soit persuadée que jamais elle ne trouvera personne qui soit plus soumis à ses volontés, ni si inséparable de ses intérêts que moi. »