Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/277

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qu’au lieu de t’être contraire, je te serai autant favorable que je le pourrai. — Ah ! Sire, répondit M. de Lauzun, les rois et les souverains peuvent promettre tout, sans qu’ils soient obligés à tenir s’ils ne veulent, puisqu’ils sont au-dessus des lois. — Allez, M. de Lauzun, dit madame de Montespan, le Roi le veut bien, poussez votre fortune. — Mais, Madame, reprit Lauzun, je ne puis rien que je n’aie la permission du Roi mon maître. » Le Roi, voyant cet esprit dans une si louable et si soumise ambition, et qu’il a toujours honoré d’une cordiale amitié, lui dit : « Eh bien, Lauzun, pousse ta fortune, je t’assure ma foi que je t’aiderai de tout ce que je pourrai, et tu en verras les effets. »

A votre avis, y eut-il jamais homme plus heureux que notre Lauzun, ni qui eut de si heureux progrès dans une entreprise où toutes les apparences étoient directement opposées ? Et ne pouvoit-il pas se promettre un entier bonheur où tout autre auroit trouvé sa perte ! Le voilà donc qui s’en va porter l’heureuse nouvelle de la parole qu’il avoit du Roi. Jamais cette princesse ne témoigna plus de joie que dans cette rencontre. Ils demeurèrent quelques jours dans cet état à se donner mutuellement tous les témoignages innocens d’un véritable amour, ménageant toutes choses de manière qu’ils pussent achever et finir leurs desseins par un heureux mariage.

Or ce fut dans ce temps-là que, la mort de Madame étant survenue [1], M. de Lauzun s’en

  1. Madame Henriette mourut le 30 juin 1670. Plusieurs