Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/278

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alla d’abord chez Mademoiselle, et lui parla ainsi : « Enfin je vois bien, Mademoiselle, que le destin, jaloux de mon bonheur, s’est aujourd’hui déclaré contre moi ; la mort de Madame va entièrement faire avorter tous les glorieux desseins que Votre Altesse Royale avoit conçus pour moi. La mort de cette princesse vous a laissé une place plus digne de vous, et plus sortable à votre condition que celle que vous vous destiniez. Vous vouliez un cadet, mais il falloit que dans ce cadet vous trouvassiez un grand prince, et votre attente ne pouvoit jamais mieux être remplie que par la royale personne de Monsieur, frère unique du Roi. C’est avec ce grand prince que vous jouirez d’un véritable repos et d’un bonheur solide et plus proportionné à votre qualité, s’il n’y en a point qui le soit à votre mérite. Ma chute m’est d’autant plus sensible que je tombe du plus haut degré de gloire où Votre Altesse Royale m’avoit élevé dans la plus grande confusion de me voir si malheureusement frustré du fruit de mes espérances. Mais dans cet étrange revers de fortune j’y trouve encore une espèce de consolation : c’est, Mademoiselle, qu’ayant tout reçu de Votre Altesse Royale par le don qu’elle m’avoit déjà fait de sa royale personne, je lui étois infiniment obligé et redevable par

    des faits qui précèdent sont postérieurs à cette date. Il est certain qu’il fut alors grandement question de marier avec Mademoiselle Monsieur, duc d’Anjou, frère du Roi. Mais si Monsieur désiroit cette alliance pour faire entrer dans sa maison les biens immenses de Mademoiselle, celle-ci, qui connoissoit l’arrière-pensée du prince, et qui d’ailleurs aimoit Lauzun, s’y refusa toujours. On trouve à ce sujet de grands détails dans ses Mémoires, édit. citée, t. 6, initio.