Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/297

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Et recevoir quelque caresse,
    Sans faire le moindre secret.
Quoi ! un Moineau bien fait, dont la taille est passable,
Pour aimer une Aiglonne est-il inexcusable ?
Ne peut-il pas tenter une jeune beauté ?
    D’ailleurs, s’il est de qualité,
    Le parti n’est-il pas sortable ?
    Mais, en un mot, il est oiseau,
Et, entre les oiseaux, il est bien pardonnable
Qu’une Aiglonne orgueilleuse aime un jeune Moineau
Sage, discret, civil, adroit, vaillant et beau.
L’aiglonne n’aime pas comme les tourterelles :
    Elle est sensible aux moindres coups ;
    Les feux d’un Moineau lui sont doux
    Quand elle les connoît fidèles ;
    Et, s’il se trouve des jaloux,
Elle entend leurs discours comme des bagatelles.
    Qu’y a-t-il donc de surprenant ?
    Un jeune oiseau qui est galant,
Qu’on connoît généreux et de noble famille,
    Qui sert son prince avec ardeur,
    Qui ne fait rien qu’avec honneur,
    Son alliance est-elle vile ?
S’il y a des oiseaux qui s’en sont étonnés,
Ce sont des envieux, qui sont abandonnés
Aux cruels mouvements d’une étrange folie.
    Quoiqu’une Aiglonne soit sortie
D’un des plus grands oiseaux qui volent dans les cieux,
    Croyez-vous qu’elle se ravale
    Et qu’il lui soit peu glorieux
De choisir un Moineau dont l’âme est sans égale,
    Qui a pour elle du respect,
    Qui n’a point d’aile ni de bec
    Que pour cette Aiglonne royale ?
    Où est cette loi qui défend