Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/298

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Que l’on ne puisse mettre ensemble
    Deux oiseaux que l’amour assemble
Et qui n’ont rien en eux que d’illustre et de grand ?
    C’est une injustice qu’on rend,
Et c’est un sentiment sans doute trop barbare,
    Et qu’on peut appeler cruel,
    De quelque raison qu’il se pare,
  Que de blâmer un amour mutuel.
    L’Aiglonne, quoique glorieuse,
Pour aimer le Moineau doit-elle être honteuse ?
Un feu si naturel sera-t-il condamné ?
    Mais un Moineau passionné
Qui peut mettre en un jour cinquante oiseaux en poudre,
    Qui a le dieu Mars à côté,
    Dont le cœur fier s’est pu résoudre
    À modérer sa vanité
  Et le traiter avec égalité,
    Si ce moineau est si fidèle,
    Qu’est-ce qui vous donne sujet
De déclamer si fort contre tout ce qu’il fait ?
    Si votre cerveau se dérègle,
  Pour avoir bu par trop de vin nouveau,
    Faut-il en faire souffrir l’Aigle ?
Apprenez, Perroquet, qu’il faut changer de voix,
    Et parler mieux une autre fois.
    Lorsque j’aurai repris haleine,
    Vous pourrez vous donner la peine
De poursuivre pourtant votre narration.
    L’histoire en est assez plaisante,
    Et, sans faire réflexion
    Si elle peut être piquante,
    Puisque ce n’est qu’un Perroquet,
    On se moque de son caquet.