Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/309

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Si le chevalier de Fosseuse eut beaucoup de joie d’avoir apaisé en partie madame de Bagneux, il n’en fut pas de même du côté de cette belle personne. La foiblesse qu’elle avoit eue lui donna toute la confusion qu’on peut imaginer. Elle se fit mille reproches, comme si elle eût été coupable des dernières fautes, et, faisant ensuite réflexion sur les peines et les dangers où un engagement l’exposeroit selon toutes les apparences, elle prit des résolutions capables de la défendre contre l’amour même, et crut que sa raison reprendroit facilement son premier empire. Elle désavoua les sentimens de son cœur, et n’accusa que le désordre où elle avoit été de la foiblesse qu’elle avoit eue.

Elle fut encore près de deux mois à achever de prendre son bain et à se reposer après l’avoir pris. Pendant ce temps-là, elle se fortifia dans ses résolutions, encore qu’elle ne pût s’empêcher de penser quelquefois au chevalier de Fosseuse. Mais le peu de trouble que ces pensées excitoient dans son âme lui faisoit croire que, si son idée n’en étoit pas entièrement effacée, au moins elle n’y pourroit jamais causer de grandes agitations.

Enfin elle retourna à Paris, plus belle de l’effet qu’avoient produit son bain et l’air de la campagne. M. de Bagneux demeuroit proche l’hôtel de Soissons [1], et madame de Bagneux s’alloit souvent

  1. « Le jardin qui servoit de vue, dit Sauval, aux deux appartements principaux de l’hôtel de Soissons, avoit de longueur quarante-cinq toises, et régnoit depuis la rue de Nesle ou d’Orléans jusqu’à la Croix-Neuve, proche Saint-Eustache ; dans le milieu, orné d’un grand bassin avec une