Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/328

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Enfin, les affaires de M. de Bagneux étant faites, il revint à Paris et y ramena sa femme. Le chevalier de Fosseuse eut toute la joie imaginable de son retour. L’entrée de M. le Légat se fit en ce temps-là [1]. Le chevalier de Fosseuse, jugeant bien que M. de Bagneux ne manqueroit pas d’aller voir cette entrée, pria madame de Bagneux de faire semblant d’être indisposée le jour qu’elle se devoit faire, et lui permettre de l’aller voir ce jour-là, où il pourroit avoir le bonheur d’être à ses pieds tout le temps que dureroit cette cérémonie, et de lui conter les ennuis que lui avoit causés sa longue absence. Madame de Bagneux préféra facilement le plaisir de le voir à celui de l’entrée ; elle feignit une indisposition dès le jour précédent.

Le baron de Villefranche avoit été malade avant son retour, et il n’étoit pas encore bien remis de la maladie qu’il avoit eue. M. de Bagneux, n’étant pas persuadé que sa femme se trouvât effectivement mal, crut qu’elle feignoit de l’être pour donner occasion de la voir au baron de Villefranche, qui pouvoit facilement se dispenser d’aller voir cette cérémonie à cause du mauvais état de sa santé. Dans ce soupçon, il résolut de n’aller point voir l’entrée si le baron de Villefranche n’y alloit aussi.

La curiosité et la complaisance firent oublier au baron de Villefranche la foiblesse où il étoit ; il s’engagea à cette partie, et le lendemain M. de Bagneux et lui, avec quelques-uns de leurs amis et des dames, furent au lieu qu’ils avoient fait retenir pour voir passer cette pompe.

  1. Voy. p. 80.