Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/343

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malheur, Florence lui disoit, d’une manière qui ne lui en laissoit aucun doute, qu’apparemment elle ne pensoit plus à lui.

Il trouvoit néanmoins quelque consolation à donner toujours de ses lettres à Florence pour lui rendre, croyant qu’au moins elle remarqueroit par sa persévérance la constance de son amour.

Florence mettoit ces lettres dans une cassette dans laquelle elle serroit ordinairement plusieurs choses. Madame de Bagneux étant un jour entrée dans la chambre où étoit cette cassette, et ayant remarqué qu’elle n’étoit point fermée, eut envie de voir ce qu’il y avoit dedans. Elle fut étrangement troublée lorqu’elle y aperçut ces lettres, et eut d’abord un regret extrême de les avoir trouvées. Ensuite elle les regarda comme des choses qui venoient du chevalier de Fosseuse, et enfin elle se laissa vaincre à la curiosité de les lire.

Elles lui semblèrent si pleines d’amour et de respect pour tout ce qu’elle vouloit lui faire souffrir qu’elle sentit bientôt ses premiers sentimens se réveiller puissamment. Les ayant lues plusieurs fois, avec des agitations extraordinaires, elle ne put résister aux mouvemens de son cœur : elle oublia toutes les résolutions qu’elle avoit prises, et permit dès le premier jour à Florence de lui rendre à l’avenir les lettres du chevalier de Fosseuse.

A peine put-il croire un si grand bonheur, lorsqu’il n’étoit plus rempli que d’un désespoir mortel. Ses lettres furent pour madame de Bagneux un remède non pareil, qui lui rendit en peu de temps tous ses charmes. Il n’y eut presque