Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/344

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plus de jours qu’ils ne s’écrivissent, et par là leur passion devint encore plus ardente.

Le chevalier de Fosseuse conjura enfin madame de Bagneux de lui permettre de la voir. Quoiquelle vît d’extrêmes difficultés à en trouver le moyen en un lieu où son mari ne la quittoit presque point, l’envie de voir le chevalier de Fosseuse, après tant de choses qui leur étoient arrivées, le lui fit trouver. M. de Bagneux étoit obligé de garder la chambre pour quelque indisposition. Elle manda au chevalier de Fosseuse qu’elle iroit voir le lendemain madame de Vandeuil, qui étoit alors à la maison qu’elle avoit en ce lieu, et qu’il pourroit la voir, venant sous prétexte de voir cette dame.

Le chevalier de Fosseuse ne manqua pas de se rendre de bonne heure en un lieu où il devoit voir madame de Bagneux. Ils sentirent une joie égale de se revoir et n’eurent pas une impatience médiocre de s’entretenir. Mais madame de Vandeuil, qui se croyoit obligée de leur tenir compagnie, empêcha, sans dessein, qu’ils ne pussent se dire d’abord que peu de choses ; et comme, après les premiers entretiens, elle leur eut demandé la permission d’écrire une lettre pour l’envoyer par un homme qui l’attendoit, et qu’ils commençoient à se parler, on vint dire que M. de Bagneux venoit.

S’étant trouvé ce jour-là moins incommodé, et ayant su que sa femme étoit chez cette dame, il lui étoit venu tout d’un coup dans l’esprit d’y aller, ennuyé d’être seul, et il avoit envoyé devant, seulement pour la forme, un de ses gens.