Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/346

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de Vandeuil sans tomber en un état qui lui auroit découvert celui de son âme, toute troublée, et sans savoir ce qu’elle devoit faire, elle prit aussi congé d’elle.

Ayant trouvé M. de Bagneux dans sa chambre, ce fut le comble de son malheur. « Non, non, Madame, lui dit-il plein de fureur, croyant qu’elle venoit pour s’excuser, n’espérez plus de pardon de moi, je ne suis plus capable que de me venger de vos perfidies : car enfin tout est permis quand on est ainsi offensé, et je ne trouverai rien de trop cruel pour vous en punir. » Ensuite il lui fit mille menaces épouvantables, et, transporté de rage, la menaça plusieurs fois du fer et du poison.

Pendant que madame de Bagneux, qui étoit entrée demi-morte, étoit tombée aussitôt évanouie et étoit dans un état peu différent de celui d’une personne qui expire, M. de Bagneux, craignant que cette vue ne le touchât encore, se retira dans une autre chambre, plein des passions les plus violentes dont un esprit puisse être agité.

Les femmes de madame de Bagneux, qui avoient entendu le bruit que M. de Bagneux avoit fait, survinrent aussitôt et la secoururent. Mais la douleur s’étoit si fort saisie de son cœur, qu’après que par leur assistance elle eut recouvré le sentiment, elle retomba un moment après dans un nouvel évanouissement ; et, ses femmes l’ayant de nouveau soulagée, après avoir jeté quelques soupirs, sa douleur se renouvelant, elle retomba encore au même état ; et enfin, cette même douleur, qui s’étoit auparavant resserrée, venant à