Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/356

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Quasi pour près d’un million.
Ainsi se voyant en avance,
Il se mêla de la finance,
Et tout le reste de ses ans
Fut un de ces gros partisans.
Il avoit dedans sa famille
Une belle et charmante fille,
Belle, à ce qu’on en a écrit,
Mais on ne dit rien de l’esprit,
Lorsque Madame la Princesse[1]
La prit pour être la maîtresse
Du feu bonhomme d’Assigny[2],
Qui crut trouver la pie au nid.
Avant ce fameux mariage
Qu’on fit à la fleur de son âge,
Toutes ses premières amours,
Qui n’eurent pas longtemps leurs cours,
Furent avec laquais et pages
Et maints semblables personnages
Du fameux hôtel de Condé,
Et non avec son accordé.
Avant qu’il fût jour chez Madame,
Chacun sait que cette bonne âme
Avoit joué, je ne mens pas,
Dedans le plus haut galetas,
Plus de deux heures à la boule,
Avec des balles que l’on roule,

  1. Marguerite de Montmorency, femme du prince de Condé.
  2. Ce n’est pas d’Assigny ou Acigné qu’il faut lire : M. d’Acigné étoit de la maison de Brissac ; c’est d’Isigny. François de Brecey, seigneur d’Isigny en Normandie, fut en effet le premier mari de Suzanne Garnier. Celle-ci n’eut pas à se louer de lui.