Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/357

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Et plus elles sont près du but
Elle confesse avoir perdu.
Sitôt qu’elle fut épousée,
Son mari, d’une âme rusée,
L’envoie auprès de sa maman
Et la retient là près d’un an.
C’est au fond de la Normandie
Que ce mari la congédie ;
Si c’eût été plus en deçà,
On eût su ce qui s’y passa.
J’ai su d’un auteur très sincère
Qu’elle battit sa belle-mère,
Qui, l’aimant toujours tendrement,
Souffrit cela patiemment.
Après deux ou trois ans d’épreuve,
Par bonheur elle devint veuve.
On dit qu’elle en jeta des pleurs,
Qu’elle feignit quelques douleurs ;
Mais, sans parler à la volée,
Elle en fut bientôt consolée.
Depuis elle vint à Paris,
Heureux séjour pour les Cloris,
Où, quoique sous un sombre voile,
Elle brilla comme une étoile.
Les sieurs de Malta[1] et Jeannin[2],
Friands du sexe féminin,
Ne l’avoient à peine aperçue,

  1. Ce n’est pas Maltha, mais Matha qu’il faut lire. Charles de Bourdeilles, comte de Mastas ou de Matta, en Saintonge, ami de l’abbé chevalier comte de Grammont. Voy. les notes de M. Moreau, dans sa savante édition des Courriers de la Fronde, Bibl. elzev., t. 2, p. 250, 251, 294.
  2. Petit-fils, par sa mère, du président Jeannin de Castille. La femme de Chalais, à qui Richelieu fit trancher la tête, étoit sa sœur.