Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/360

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Elle mit au monde Branquette[1],
Ce jeune miracle d’amour
Qui brille à présent dans la cour,
Devant qui même la plus belle
N’oseroit lever la prunelle,
Et qui pourroit conter à soi
Le cœur même de notre Roi[2].
Ses beaux cheveux de couleur blonde
Et son teint le plus beau du monde
Réjouirent fort son papa,
Parce que Jeannin et Malta,
Dont il étoit en défiance,
N’avoient aucune ressemblance
À ce beau teint, à ces cheveux
Dignes de mille et mille vœux.
Monsieur de Laon[3], qui dans l’Église
Fait une figure de mise,
Et qui, comme l’on peut juger,
Sait bien plus que son pain manger,
Ou, pour parler sans menterie,
Un grand laquais nommé La Brie[4],

    par la mort de son frère, fut trompé, et elle n’obtint pas les honneurs dus aux duchesses, dont le plus particulier étoit d’avoir un tabouret chez la reine.

  1. Branquette, c’est-à-dire mademoiselle de Brancas, épousa, le 2 février 1667, le prince d’Harcourt, et mourut en 1673.
  2. Un couplet satirique du temps disoit en effet :

    Brancas vend sa fille au roy
    Et sa femme au gros Louvoy.

    Voy. le Dict des Préc., t. 2, au mot Brancas.
  3. César d’Estrées, évêque-duc de Laon, pair de France en 1653. Il étoit né le 5 février 1628. En 1657 il fut reçu à l’Académie françoise, et il mourut, en 1714, doyen de cette compagnie.
  4. Le même nom du laquais se retrouve dans un vaudeville