Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/366

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Depuis le soir jusqu’au matin
De la régaler d’un festin.
Mais les fortunes bien prospères
Sont celles qui ne durent guères :
Bientôt une adroite beauté
Eut tout ce mystère gâté,
Et par une intrigue nouvelle
Lui ravit ses amans fidèles.
C’est d’Olonne[1] qui fit ce coup
Environ entre chien et loup.
Jamais rien ne fut plus sensible
Que ce larcin irrémissible ;
Mais dans l’espoir de se venger
Elle n’y voulut pas songer :
Sans bruit elle se laissa faire.
Le sieur Fleuri[2], vilain compère
(Ceci soit dit sans l’offenser),
Et plus laid qu’on ne peut penser,
Le diable (Dieu me le pardonne),
Armé des armes qu’on lui donne,
Non, n’est pas si laid que celui
Qui charmoit alors son ennui.
Sa mine étoit plus dégoûtante
Que les courroies d’une tente ;
Son teint d’un vieil mort et huileux
Éclatoit d’un lustre terreux ;
Ses cheveux, sa barbe maussade,
Son haleine pire que cade[3],

  1. Sur d’Olonne, voy. t. 1, p. 6, et sur sa femme, t. 1, p. 1-153.
  2. Peut-être est-ce ce marquis de Fleuri, grand personnage de Savoie, qui vint en France vers cette époque, et avec qui Mademoiselle se lia à Fontainebleau. Voy. ses Mémoires, édit. Maëstricht, t. 4.
  3. Pour cacade, dans un sens maintenant perdu, mais facile à comprendre.