Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/396

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de Richelieu et de Créqui y prétendant toutes deux, chacune employa ses amis pour l’avoir. Madame de Montespan se déclara pour la duchesse de Richelieu [1], et M. de Lauzun pour la duchesse de Créqui [2], ce qui commença à jeter ouvertement de la division entre eux : car M. de Lauzun vouloit à toute force que madame de Montespan se désistât de parler en faveur de la duchesse de Richelieu, et madame de Montespan, ne pouvant pas s’en désister honnêtement après avoir fait les premiers pas, trouva étrange que M. de Lauzun, après avoir su qu’elle avoit entrepris cette affaire, fût venu à la traverse prendre les intérêts de la duchesse de Créqui. C’étoit au grand Alcandre à décider ou en faveur de son favori, ou en faveur de sa maîtresse ; mais ce prince, ne voulant mécontenter ni l’un ni l’autre, demeura longtemps sans donner cette charge, espérant qu’ils s’accorderoient ensemble, et que leur réunion lui donneroit lieu de se déterminer. Mais sa longueur, au contraire, leur faisant croire à l’un et à l’autre que le grand Alcandre n’avoit point d’égard à leurs prières, ils s’en voulurent encore plus de mal qu’auparavant, et même M. de Lauzun commença à tenir des discours si désavantageux de madame de

  1. Anne Poussart, fille du marquis de Fors du Vigean, veuve du marquis de Pons, épousa en secondes noces Armand-Jean du Plessis, petit-neveu du cardinal duc de Richelieu, qui le substitua à son nom et à son titre de duc de Richelieu. La duchesse de Richelieu, mariée en 1649, mourut en 1684. Elle devint plus tard dame d’honneur de la Dauphine, et fut remplacée dans sa charge de dame d’honneur de la Reine par madame de Créqui.
  2. Voy. ci-dessus, p. 80.