Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/40

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tournant du côté du cocher : « Fouette tes chevaux et me mène grand train, ne me convenant pas de rester sous la domination d’un prince qui ne connoît pas son autorité. »

Tous ceux qui furent témoins de son départ furent tout à fait pénétrés de son tour d’esprit et du peu de fermeté du Roi sur le compte d’une personne qui en avoit tant et qu’on eût aimée pour sa vivacité.

Ainsi se passèrent les amours du Roi et de mademoiselle de Mancini. Sa Majesté en fut bientôt consolée par son mariage avec l’Infante d’Espagne et quelques autres inclinations qu’il fit ensuite, que je rapporte fidèlement dans l’Histoire ou les plaisirs du Palais-Royal [1]. Le Cardinal fut loué de sa conduite, et la Reine se sçut grand gré d’avoir eu le secret de tout rompre. Le duc de Saint-Aignan fut le seul qui se ressentit des effets heureux des amours de Louis XIV, qui tantôt donnoit un bénéfice à l’un des siens, et la Reine à lui-même, et des pensions qui n’ont pas peu contribué à l’enrichissement de sa maison, n’ayant jamais découvert son infidélité dans ses confidences sur le compte de mademoiselle de Mancini, qui n’avoit point eu d’occasion de la faire remarquer, non plus que celle de sa confidente, qui est toujours restée à son service.

  1. Il est impossible que l’auteur de ce lourd et pénible récit ait écrit l’histoire qui suit, et qui vient certainement d’une plume plus exercée. — Pour compléter les quelques notes que nous avons données, nous renvoyons le lecteur à un livre spécial : Les Nièces de Mazarin, de M. Amédée Renée.