Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/422

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difficile et qui n’entendroit point de raillerie s’il venoit à découvrir qu’ils eussent commerce ensemble. Le duc de Longueville lui promit d’en user sagement, et qu’elle auroit lieu d’en être contente ; mais il lui recommanda, de son côté, de ne lui point faire d’infidélité, ajoutant qu’il l’abandonneroit dès le moment qu’il en reconnoîtroit la moindre chose.

Cette loi fut dure pour la maréchale, qui avoit cru jusque-là qu’un homme étoit trop peu pour une femme ; mais, comme elle aimoit le duc, et que d’ailleurs elle venoit d’éprouver qu’il ne s’en falloit pas de beaucoup qu’il n’en valût deux autres, elle résolut de faire effort sur son naturel et de lui tenir parole tant qu’elle le pourroit. Ainsi, dès ce jour-là, elle congédia le marquis d’Effiat [1], qui tâchoit de se mettre bien auprès d’elle, et qui y auroit bientôt réussi sans la défense du duc de Longueville.

Le marquis d’Effiat étoit un petit homme têtu, brave, quoiqu’il n’aimât pas la guerre, adonné à ses plaisirs et peu capable de raison quand il s’étoit mis une fois une chose en tête. Il trouva de la dureté dans le commandement de la maréchale, avec qui il s’étoit vu à la veille de la conclusion ; et, ne doutant point qu’il n’y eût quelque autre amant en campagne, il soupçonna aussitôt le duc de Longueville. Ses soupçons étant tombés sur lui, quoique cette dame en vît bien d’autres, il fut fâché d’avoir affaire à un

  1. Antoine Ruzé, marquis d’Effiat, né en 1638, mort en 1719, étoit fils de Martin Ruzé, dont le frère aîné fut célèbre sous le nom de Cinq-Mars. Sa mère étoit Isabelle d’Escoubleau de Sourdis.